De prime abord, Dédale se présente sans détours, comme une série de photos minutieuses que leur auteur aurait mises à plat avec soin, en artisan plus qu’en collectionneur. Ce sont des photographies de dimensions raisonnables. Elles nous fournissent des informations limitées quoique relativement précises. Imperceptiblement, la fiabilité de ces photographies s’effrite, l’acuité de l’observation prête au doute et ce qui se dessine sous nos yeux, c’est une organisation du monde, secrète, elliptique, opaque. »
« Après tout, n’y avait-il pas déjà très longtemps que je soupçonnais que, derrière toute image réelle, il y en avait toujours une autre plus fidèle à la réalité, et que, sous celle-ci, il y en avait une autre encore plus fidèle, et ainsi de suite à l’infini? ».
Enrique Vila-Matas, Étrange façon de vivre.
Christophe Bourguedieu
« Non seulement chaque photo est le témoignage d’une découverte, mais en plus, parmi la séquence d’images de Dédalo, il est possible de débusquer un air de famille : ce qui y est montré est un certain type de découverte, une série d’intuitons liées, en chaîne. Les titres de la série font référence aux lieux où, vraisemblablement, les photos furent prises. De tels toponymes tracent une carte personnelle, une sorte d’atlas où l’auteur marque, comme avec des punaises les lieux où elle a repéré des animaux fantastiques.
Seulement, en l’occurrence, ces animaux sont plutôt des formes : des compositions précises découvertes avec discernement. Ces compositions, à leur tour, dialoguent ouvertement avec d’autres de l’histoire de l’art, du cubisme analytque (Toits de Paris, qui pourrait rappeler Maisons sur une colline de Picasso, ou l’une des villes de Braque). Et c’est grâce à ces références à l’esthétique de certaines avant-gardes que la série devient, au-delà d’une carte, une pinacothèque personnelle. »
Daniel Saldaña París
poète, romancier, essayiste
Vues de l’exposition à la Galeria de Arte Mexicano, Mexico City, 2016